
Entre 1924 et 1936, le philanthrope américain John D. Rockefeller, Jr. (1874-1960) fait don de plus de cinq millions de dollars à la France pour restaurer les palais de Versailles et de Fontainebleau, les cathédrales de Reims et de Chartres ainsi que pour financer la construction de la Maison internationale de la Cité universitaire de Paris. Au moment de sa première donation, en mai 1924, il n’est encore engagé dans aucun des projets de construction ou de restauration de grande ampleur qui caractérisent sa philanthropie personnelle dans l’entre-deux-guerres dont les donations françaises marquent le commencement. C’est l’architecte américain William Welles Bosworth (1869-1966), formé à l’École des beaux-arts de Paris, qui, à partir de 1907, initie le philanthrope à la conduite de projets architecturaux pour laquelle il se découvre une véritable passion, au point d’infléchir le schéma d’ensemble de sa philanthropie personnelle pendant l’entre-deux-guerres. Spécialement envoyé à Paris pour superviser ses donations, Bosworth devient, au-delà de ses fonctions d’architecte et de conseiller du philanthrope, un véritable instrument de son contrôle discret et systématique sur l’ensemble des projets entrepris. Interlocuteur privilégié des autorités françaises avec lesquelles il collabore au quotidien, il tient un rôle d’agent intermédiaire essentiel à la mise en œuvre de chacun des projets. À partir de l’étude des modalités de mise en œuvre de la philanthropie personnelle de John D. Rockefeller, Jr. en France pendant l’entre-deux-guerres et du rôle clé qu’y a tenu Bosworth, cette recherche éclaire la question de la collaboration public-privé dans le cadre de projets architecturaux transnationaux, qu’ils soient de construction ou de restauration, à l’heure où elle est plus que jamais d’actualité et met en lumière le rôle fondamental qu’ont tenu des figures de passeurs telles que Bosworth.